Une réalité taboue : à la retraite, la maison devient un fardeau pour certains C’est un constat qui revient de plus en plus souvent sur le terrain : un nombre croissant de Suisses doivent vendre leur maison une fois à la retraite. Selon une enquête récente publiée par Blick, environ un tiers des personnes à la retraite envisagent de vendre leur propriété. Ce chiffre reflète en réalité une dynamique économique complexe et fréquemment mal prévue. La propriété familiale, acquise peut-être il y a deux ou trois décennies, commence à se transformer peu à peu en un fardeau financier lourd à supporter. Le problème provient de la diminution des revenus à la retraite (AVS + LPP), de l’accroissement des dépenses relatives à l’entretien, aux assurances, aux taxes foncières et, particulièrement, aux coûts hypothécaires. De nombreux propriétaires prennent conscience, seulement à leur retraite, que leurs revenus ne sont pas suffisants pour maintenir les conditions hypothécaires strictement imposées par les banques : un principe commun stipule que le coût total du logement ne devrait pas excéder un tiers du revenu net. Cependant, si la pension est inférieure au revenu actif, le calcul n’est plus valable. Ce phénomène affecte toutes les zones, y compris Genève, Vaud, Neuchâtel et le Jura, où les tarifs sont plus abordables, mais où les pensions modestes demeurent courantes. Nombreux sont les seniors qui, à regret, choisissent de céder leur propriété, souvent dans l’urgence ou sans préparation adéquate, et parfois même à un prix inférieur à sa valeur réelle.
Anticiper, conseiller et accompagner : le rôle du courtier face à cette transition Comme professionnel de l’immobilier, notre mission ne se limite pas à vendre des biens, mais également à accompagner nos clients dans des moments charnières de leur vie. La retraite en est un. Trop peu de propriétaires planifient financièrement cette étape. Pourtant, il existe des leviers élémentaires et puissants : Réaménager sa dette hypothécaire plusieurs années avant la retraite (taux fixe, amortissement direct, rachat anticipé de 2ᵉ pilier, etc.). Louer une partie du bien (studio indépendant, étage, etc.) pour générer un complément de revenu. Transformer sa maison en deux logements indépendants, afin de vivre dans l’un et louer l’autre. Vendre au moment opportun, en gardant un pied dans le bien par un droit d’habitation ou une location à long terme. Rechercher un logement plus adapté, mieux situé, sans escalier, avec faibles charges, et financer sa retraite avec le capital libéré. Le rôle du courtier est aussi de sensibiliser ses clients à ces enjeux bien en amont, notamment à travers des bilans patrimoniaux, des partenariats avec des conseillers en prévoyance et des simulations hypothécaires personnalisées. Enfin, il est essentiel de parler avec humanité aux retraités confrontés à ces choix. Il ne s’agit pas uniquement de chiffres, mais de vies construites, de souvenirs ancrés, de projets de fin de vie qui doivent être respectés.